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La photographie artistique

L'art de voir autrement

La photographie artistique est une invitation à voir le monde autrement. Elle ne montre pas seulement ce qui est, mais ce que cela raconte, ce que cela éveille en nous. C’est un espace d’imaginaire, de questionnement et de transmission. Dans ce sillon, Anne-Gaëlle Michel a construit une pratique singulière, nourrie par ses racines réunionnaises et ses expériences internationales : la photographie sensible.

Son travail marie esthétique et engagement, poésie et citoyenneté. Chaque projet est une traversée où l’image sert à la fois de support artistique et de médiation humaine. Dans un service hospitalier, auprès de jeunes ou dans un festival, ses ateliers transforment le regard : les participants ne sont plus des sujets observés mais des créateurs de leurs propres images. Ses œuvres portent ainsi une force double : elles témoignent d’un parcours intime et elles ouvrent une voie collective vers plus de lien, de reconnaissance et d’équité.

- 2025 -

Il y a longtemps, chaque case créole avait son visage, unique et vivant. Et sur ce visage, les lambrequins se racontaient. Des motifs ciselés, parfois flamboyants, parfois simples, portaient les histoires de leurs habitants, les influences des villas de la rue de Paris et les traditions des hauts de l’île. Chaque lambrequin était une signature, une empreinte de créativité artisanale.

Aujourd’hui, beaucoup de ces lambrequins ont disparu ou se sont uniformisés. Les modèles standardisés ont remplacé les créations uniques, et certains anciens ouvrages subsistent seulement rouillés, abîmés… ou restaurés, comme des témoins silencieux d’un temps révolu.

Ce projet est une quête photographique. Il part à la rencontre de ces lambrequins pour les documenter, les immortaliser et révéler ce qu’ils disent de nous aujourd’hui. Chaque image est un dialogue entre le bâti et l’humain, entre l’espace intime et l’espace public.

En les photographiant en triptyques, le projet explore cette question : ces frontières que dessinent les lambrequins, que signifient-elles dans nos vies contemporaines ? Dans un paysage où les habitats s’uniformisent ou se “folklorisent”, que reste-t-il de cette créativité qui rendait chaque maison singulière ?

Les lambrequins deviennent alors plus qu’un détail décoratif : ils sont des passeurs de mémoire, des témoins de l’histoire et des reflets de notre lien avec l’espace que nous habitons.

L’atelier de photographie sensible s’est déroulé dans le service de néphrologie pédiatrique du CHU de la Réunion, auprès d’un public jeune confronté à la précarité invisible, celle imposée par la maladie. Ces jeunes, souvent réduits à leur diagnostic médical et leurs traitements invasifs, sont marqués physiquement et psychologiquement. L’objectif de ce projet est multiple : celui de leur apporter un moyen d’expression autre qu’oral ou écrit grâce à la photographie – la plupart des patients sont mahorais- dont le français n’est pas la langue maternelle, et faire évoluer les regards, et les dispositions sociales induite par le corps médical et familial.

Transformer leur regard sur eux-mêmes, en contribuant à l’estime de soi grâce à une exposition de leur photographies dans un lieu public, d’autant plus familier pour eux en les révélant dans leur créativité plutôt que leur maladie. Durant l’atelier, ces enfants sont devenus acteurs de leur propre image : photographes et modèles, ils ont repris le contrôle sur leur corps et comment raconter leur histoire.

À travers cette démarche artistique, j’ai cherché à faire émerger leur singularité, leur dignité, tout en interrogeant une autre facette : celle de l’exclusion scolaire et sociale vécue par ces jeunes liée à la maladie, souvent ignorée. Les photographies réalisées par les participants valorisent leur résilience, leur créativité, leur insouciance, bien au-delà de leur souffrance, leur humanité.

L’exposition de ces oeuvres amène à interpeller le public, éveiller les consciences et bousculer les stéréotypes sur la maladie, elle contrecarre l’exclusion pour favoriser un temps donné la valorisation de soi, du nous, et crée une convergence sociale où les jeunes se sont exprimés pleinement, et sont considérés comme photographes et non plus comme des patients, mais comme des individus uniques transmettant chacun une vision singulière. Anne-Gaëlle Michel porte un regard innovant en connectant photographie et “ care” et engagé sur la fragilité, transformée ici en une force collective, teinté de joie et de sensibilité de chacun.

- 2024 -

La marge vibrante - Clinique santé mentale - La Réunion

Dans le cadre du Festival des Arts de la Marge#2, a été réalisé un atelier photosensible donnant lieu à une exposition de 20 photographies prises par les patients de la clinique en santé mentale Les Flamboyants. Huit patients en choisissant d’être les ambassadeurs visuels du festival, se sont immergés dans les préparatifs de l’évènement qui met à l’honneur l’inclusion grâce à la pratique artistique.

Cette vision innovante de la photographie – inspirée par l’artiste Klavidj Sluban – invite à se concentrer sur l’instant présent et la spontanéité, elle insuffle par le biais d’un atelier l’observation, les regards en fonction des postures dans un cadre de bienveillance et de partage. L’intention est de les aider à porter un nouveau regard sur la vie; l’exposition de leur photographies, en plus de susciter la joie de la réussite, participe à l’estime de soi et contribue à un objectif thérapeutique.

Pour Marlène Techer, directrice d’exploitation des établissements psychiatriques du Groupe Les Flamboyants : « cette activité thérapeutique s’est construite dans le cadre d’un programme artistique inclusif, qui a permis l’expression des personnes hospitalisées en santé mentale, au travers des valeurs d’humanisme, de tolérance et de bienveillance. »

L’ambition de cette exposition est de faire écho au message essentiel du Festival : l’ouverture à la différence et à l’altérité, où la pratique artistique qui met à l’honneur le handicap valorise une forme de résilience créative plutôt de que de focaliser uniquement sur les déficiences.

- 2019 > 2023 -

Cartes Anti Postales

Objets photographiques au croisement du virtuel et de la matière, les cartes anti postales se présente comme une série de photographie en résonance avec l’évolution du partage de l’image lors des voyages.

Dans cette série photographique, la photographie est interrogée dans sa fonction d’image touristique, d’objet photographique et dans sa fonction relationnelle. Cet univers photographique, issu de mes explorations de L’île de La Réunion, dont je suis originaire, est produite sur un support aux dimensions similaires aux pochettes CD, comme un clin d’oeil au vintage renforcé par les jeux chromatiques en écho avec le Polaroïd, objet unique et instantané relié à un imaginaire collectif passéiste .

 

« La carte postale » comme image touristique est ici revisitée à travers un regard singulier, teinté d’onirisme personnel en contre pied de ces images de paysages surexploités à en devenir standardisés à des fins de promotion touristique.

Subversif, la carte anti postale est conçue comme un objet souvenir ramenant la photographie dans la matière, imprimée sur du polycarbonate, elle résonne en écho à fois à la diffusion virtuelle de l’image photographique et à l’aspect vitrifié des écrans actuels.

Aujourd’hui, ces cartes anti postales remettent au goût du jour la notion de partage, en tant qu’objet dans sa fonction relationnelle. Diffusée en tant que tirage limitée, le statut de tirage d’art s’oppose aux tirages au quantité industrielle des cartes postales classiques.

- 2011 > 2013 -

Vanakam Madam - Tamil Nadu, Inde

En 2011, je travaille en tant que coordinatrice culturelle de l’Alliance française de Pondicherry. Ayant passé deux années à explorer la région du Tamil Nadu, cette série est issues des rencontres avec la culture locale, dite dravidienne : revendiquée comme plus ancestrale que celle de l’Inde du Nord, cette série explore aussi bien la ferveur spirituelle millénaire et omniprésente que la quiétude légendaire d’un peuple particulièrement rural. 

Souvent déconsidérés par le gouvernement, les dravidiens puisent leur force tranquille dans la dévotion et les traditions., et l’instant présent.Vanakam signifie ”bonjour » en tamoul.

- 2007 -

Entre temps - Hanoï, Vietnam

En parallèle de l’atelier de photographie solidaire, Activité diurne, le collectif de photographe Aporos, profite de la vie bouillonnante nocturne d’Hanoi, pour y faire sa résidence photographique. Pendant 15 jours, chaque jour un des 3 photographes envoie à Paris un triptyque, et chacun oeuvre à son retour à une série plus personnelle. Entre temps est cette série où la quiétude humaine et le tumulte urbain sont en contradiction. Dans cette série, le noir et blanc renforce ici cette part mystérieuse d’une culture qui nous échappe en tant qu’occidentaux, et l’intemporalité de certaines scènes de vie.

Les interstices temporelles, respire la vacuité de l’existence, propre à la religion bouddhiste, pratiqué depuis des millénaires au Vietnam. Cette approche culturelle interroge la notion de temps, sa productivité relative recherchée dans les sociétés modernes, qui ne sont pas forcement favorable au métier de photographe d’auteur. Entre temps désigne un temps intermédiaire qui reste aussi important à vivre que celui de l’instant d’avant ou à venir.

- 2007 -

Atelier photosensible - Hanoï, Vietnam

Pendant un mois nous partons à 3 photographes Avec Aporos, un collectif de photographe réunionnais en lien avec un projet de Solidarité jeunesse internationale, à Hanoï.

Nous menons de jour un atelier de photographie, avec une dizaine d’enfants scolarisés grâce à l’ONG. des réfugiés politiques installées précairement dans le ficher village; et de nuit, nous réalisons une résidence photographique sur la déambulation urbaine dans la ville.

- 2007 -

Les tisserands H'mong - Sapa, Vietnam

La rencontre avec cette ethnie m’a permis de réaliser un travail photographique sur les savoir-faire traditionnels du tissage du chanvre et de la teinture à l’indigo.

Travail de recherche qui est dans la suite de celui réalisé en 2004 dans la forêt de Casamance au Sénégal avec l’indigo, et en 2005 à Bamako dans un quartier populaire de teinturier, puis dans le pays Dogons, avec la tradition du bogolan.

- 2006 -

Atelier photosensible
Les artisans Maliens et la photographie, un échange sur le regard

L’idée initiale d’un reportage photographique sur la déforestation m’inspire l’envie de partager la photographie : une mission d’un mois pour réaliser un atelier photo participatif avec les artisans forgerons travaillant dans une fabrique de percussion.

Axés sur leur travail journalier, les participants ont vu leur premières photographies réalisées de leur vie exposée à l’institut français de Bamako. Exposition itinérante dans près de 20 lieux en Région Ouest France.